Un pôle bien employé...
ou comment les chômeurs reprennent leurs droits !
Mardi 17 Janvier 2012, un appel national à occuper les Pôles Emploi était lancé par différentes organisations.
L’occupation visait à dénoncer la précarisation des chômeurs, les radiations de plus en plus fréquentes, dénoncer la politique managériale qui s’instaure dans ces services et réclamer une prime de noël de 500 euros pour toutes et tous.
Cette décision a été prise pour réagir face au « sommet social » organisé le 18 janvier 2012 à Paris, un sommet cher au gouvernement, qui en période de campagne électorale décide de ratisser large et de soigner son image.
A Lyon, le rendez-vous était annoncé au Pôle Emploi de Charpennes à 8h30. Arrivée de l’équipe sur les lieux et là surprise : personne. Petit à petit les gens se réunissent au compte goutte et c’est un groupe de 30 à 40 personnes (chômeurs, précaires, syndicalistes, et autres) qui se constitue. On apprend, par la suite, que l’adresse donnée était un leurre pour semer les RG. En réalité nous nous retrouvons à Vaise pour aller occuper la Plateforme de Production de Traitement Centralisée (PPTC) qui gère les dossiers des chômeurs et traite les courriers. Une action rondement menée, car c’est en moins d’un quart d’heure que le groupe envahit les locaux et s’installe.
Pour annoncer son arrivée, le groupe décide d’investir une commission de recours qui se tenait entre des représentants des syndicats de salariés et le MEDEF. Six dossiers faisant l’objet d’une erreur de Pôle Emploi avaient étaient préparés afin d’être présentés à la direction pour qu’elle régularise les situations. Lorsque la salle de réunion est envahie, les cadres outrés n’hésitent pas à quitter la salle en protestant. Même le syndicaliste CGT monte au créneau en s’en prenant à ses collègues de la CGT chômeurs rebelles : « La moindre des choses c’est de me prévenir quand vous faites ça ». Déçu d’avoir été exclu de la fête par ses camarades, il s’en va en premier, suivi des représentants du MEDEF. On notera ici la mauvaise foi de ces personnes qui ont menacés les chômeurs et précaires en les culpabilisants : « vous vous rendez compte, à cause de vous c’est une centaine dossiers qui ne seront pas traités aujourd’hui ». Rien n’obligeait ces Mesdames et ces Messieurs à s’en aller. Et puis il n’y aura plus qu’à aller réoccuper ce PPTC pour demander le traitement des dossiers laissés pour compte.
Finalement c’est le directeur départemental adjoint au site, Joël PICARD, qui vient pour négocier avec les occupants. Ils ne lui laissent pas le choix : l’occupation durera tant que les six dossiers amenés n’auront pas été régularisés. Face à la détermination des occupants, Mr PICARD se met au travail, avec ses employés. Pendant ce temps, on prend ses aises, et c’est autour d’un pique-nique dans la salle de réunion que la liste des revendications est rédigée et que les perspectives d’un mouvement plus dur prennent forme. De plus, d’autres villes sont mobilisées, à Nice et à Rennes on occupe aussi les Pôles Emploi ce même mardi.
Au total, ce n’est pas moins de sept dossiers qui ont été étudiés (il y en a un qui s’est rajouté au dernier moment). Pour l’instant seulement quatre ont été réglés, mais nous avons la promesse du directeur que l’intégralité des dossiers restants sera traitée d’ici la fin de la semaine. De leur coté, les précaires décident de s’organiser et de ne pas en rester là : d’ors et déjà une réunion est fixée mardi 24 Janvier - RDV devant le 4 bis rue de l’université à 16H - afin d’organiser les actions à suivre. Cette action fut une réussite, il reste néanmoins beaucoup de choses à faire et pour cela les chômeurs et précaires doivent se mobiliser. Il reste une multitude de dossiers concernés par des erreurs administratives rendant la situation des personnes concernées très délicate. Cela est intolérable.
Quand on voit qu’un groupe de 30 personnes suffit à faire pression pour régulariser sept dossiers, on imagine l’impact que pourrait avoir une occupation plus importante. C’est quand même aberrant qu’il faille en arriver à occuper un Pôle Emploi pour régulariser des dossiers qui devraient l’être en réalité. Cela montre que l’on est bel et bien fasse à un système administratif foireux.
D’ailleurs, certaines personnes qui ont occupés le PPTC de Vaise s’en sont donnés à cœur joie pour critiquer ce système face aux directeurs : manque de moyens, manque de personnels, déshumanisation des rapports à travers les suivis téléphoniques (39 49), privatisation du Pôle Emploi, etc. Des critiques dénonçant un système qui tend à éloigner le chômeur de ses indemnités.
Pour couronner le tout, et là l’équipe du Foutou’art tire son chapeau, le collectif d'occupation a réussi à faire faxer, du Pôle Emploi, ses revendications à différentes institutions : Conseil régional, Ministère du travail, Haut Commissariat aux solidarités actives contre la pauvreté et à la jeunesse ainsi qu’à la Direction du travail.
C’est en communiquant un maximum qu’une organisation est possible, ainsi qu’un rapport de force conséquent pour imposer ses attentes et ne pas se laisser submerger par les situations difficiles. La prochaine fois il faudrait investir les PPTC à 200 ou 300 personnes, aller tracter dans les Pôles Emploi où se trouvent les chômeurs, aller tracter en banlieue où malheureusement le taux de chômage reste élevé, etc.
Mickaël et Romain
Photos : Zebra
Dessin : Duck
Copie des revendications du collectif d'occupation.
Ecrit à la main et faxé depuis le Pôle Emploi de Vaise.