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BD CRUCIFIX PARTIE3L

 

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16 janvier 2011 7 16 /01 /janvier /2011 21:22

Saint Hessel

 

Le Point sur Stéphane 

 

Donc, hein, Stéphane Hessel, 93 ans, Indignez-vous,  éditions Indigènes, 600 000 exemplaires vendus, 9 rééditions, 13 pages de texte. C'est toujours une bonne nouvelle pour l'édition indépendante, et il y aurait fort à dire sur le ras-le-bol généralisé que traduit le phénomène.

 

Et, bon, le succès éditorial aidant, le petit manifeste ne cesse du buzzer et de rebuzzer, de chats en émissions de variétés, et le phénomène a commencé à provoquer çà et là de molles polémiques.  Boris Cyrulnik conidère que "l'indignation est le premier temps de l'engagement aveugle", Pierre Assouline déplore le manque de fond de l'ouvrage et n'est pas loin de ressortir le truc du relent antisémite dans l'engagement pro-palestinien d'Hessel. Quant à Jean-Michel Apathie, qui ne croit décidément qu'aux chiffres, il a du mal à réprimer une moue méprisante dès qu'il reprend le mot d'indignation.

La vraie question n'est pas de savoir si le presque centenaire, qui a survécu à à peu près tout au XXème siècle sans perdre le moral, est légitime pour attirer les violons sur Gaza, ni s'il a raison de parler au nom des anciens de la  Résistance quand il évoque les méfaits de la droite libérale. La vraie question, c'est celle-ci : que peut-il encore, à 93 ans, nous apprendre sur la viabilité de nos propres luttes ?

 

Parce que merde, la formation de la sensibilité et de larévolte, normalement, c'est l'affaire des adolescents. En grandissant, ils créent leurs réseaux, fabriquent leurs artistes, leurs leaders d'opinions, deviennent des trentenaires, et donnent le ferment de leurs propres combats et de leurs propres conformismes. Il y a eu ceux de 68, qui croyaient en des retournements radicaux. Il y a eu ceux de 85, qui croyaient à l'argent et aux paillettes. Ceux de 2000, qui croyaient encore à l'argent, mais aussi à la nécessité de trier ses déchets. Et enfin ceux de 2010, nous. Eux, (nous), n'ont plus grand chose à se mettre sous l'oreiller de la conscience.

 

Si je compare avec 68, la modestie de nos revendications m'effare. Ce que nous réclamons, c'est la reconnaissances de droits censés être déjà acquis, la sécurité sociale, la dignité et autres vieilles obsessions gauchistes Des trucs dont papy Hessel nous rappelle que justement, ils étaient au programme du comité centrale de la Résistance, dont il fut un membre éminent. Eh oui, tout ce fatras usagé, ceux qui ont tenté de l'imposer sont les mêmes idéalistes béats qui ont débarrassé (momentanément) l'Europe du fascisme.

 

Un des reproches que Pierre Assouline, dans son blog La République des livres, fait à Hessel, est de mettre "sur une même ligne morale la situation des sans-papiers, la dérégulation du capitalisme et les crimes du totalitarisme national-socialiste".  Le raisonnement tiendrait la route, si on ne renvoyait pas carrément des sans-papiers dans des pays en guerre, et si les catastrophes écologiques, sociales et humanitaires de ce début de siècle ne l'avaient déjà redu bien digne de son prédécesseur. Le problème, avec la Shoah comme parangon ultime et définitif du mal, c'est qu'on a tendance à faire comme si que plus rien d'autre n'était si grave que ça.

 

HesselCe qui semble gêner aux entournures les messieurs comme il faut qui condamne le vague et les bons sentiments des déclaration d'Hessel semble être la fiction insidieuse mille et mille fois répétée par tous les membres de notre gouvernement actuel, selon laquelle la politique ultralibérale actuellement à l'oeuvre serait au-delà des idéologies. Cette fiction assimile la politique à de la gestion, la réduit à l'économie et a pour conséquence une conception de l'Etat comme une entreprise parmi d'autres. Un entreprise au services d'autres entreprises, et dont la marchandise est, devinez quoi, le peuple.

D'où l'exclusion de l'affect du débat politique : on est entre gens sérieux, voyez-vous.

 

La moue d'Apathie est donc le symptôme d'un aveuglement très répandu, qu'il soit conscient ou non. Prétendre que l'action politique puisse se passer de la sensibilité, c'est fermer la porte à toute réflexion alternative. Ne serait-ce que parce qu'il faut de l'enthousiasme pour entrer dans le conflit. Il ne serait probablement pas venu à l'esprit d'Apathie qu'on ne peut rien attendre d'autre d'une simple décision de gestion que d'apporter des bricolages de surface à une situation économique non seulement critique, mais parfaitement injuste. Ni que la souffrance provoquée chez une majorité de citoyens des pays occidentaux est tout à fait inutile mais parfaitement réformable. Quant à la naïveté supposé de ce genre de manifeste, nous sommes malheureusement à une époque où de simples assertions comme "la guerre" c'est mal", "l'Homme a droit à une certaine dignité", sont loin d'être des évidences.

 

D'où l'intérêt, après une vie de luttes, de répéter ce qui a déjà été dit sur tous les tons. D'ailleurs, Hessel ne prétend aucunement que son combat soit le seul qui vaille. Son propos est d'appeler les lecteurs à une réflexion, qui vaudra et ne vaudra que pour eux-mêmes. En un sens, sa brochure, puisqu'il est un peu exagéré de parler de livre, représente surtout une caution pour tous ceux qui, aujourd'hui, se rendent compte que quelque chose de constitutif des rouages de la politique d'aujourd'hui est déglingué, et qu'on ne réglera pas les problèmes de l'occident par de simples mesures économiques de surfaces. Hessel ne prétend pas un instant que le combat d'aujourd'hui est le sien, mais il suggère que l'esprit de résistance n'a pas à être figé à un moment de l'Histoire, ni par une majuscule, ni par un lyrisme de sous-secrétariat venant à date fixe ampouler des soldats morts qui, connus ou inconnus, n'en ont de toute façon plus l'usage. Car si la notion de pornographie mémorielle a un sens, cela me semble bien être dans la façon qu'ont certains dignitaires d'envoyer de nobles idées tapiner à longueur de discours commémoratifs pour tenter de masquer les intentions d'une politique qui en trahit l'esprit.

 

B.J Stroheim

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